1. Champ de vision du cheval
Pour mieux comprendre la vision du cheval, on va tout d’abord s’intéresser aux particularités de son œil. L’œil du cheval est le plus gros de ceux des mammifères terrestres. Il est situé de manière très latérale, sur les côtés de la tête, et sa pupille est horizontale.
Tout cela contribue à lui donner un champ de vision panoramique, extrêmement étendu dans un plan horizontal. En effet le cheval peut voir en même temps, sans bouger la tête, à 340 degrés autour de lui. Ses zones aveugles sont derrière sa croupe et sous son nez.
Par comparaison, nos yeux, situés vers l’avant, nous donnent un champ de vision de seulement 180 degrés environ. De plus, notre pupille est ronde, ce qui nous donne un champ de vision aussi haut que large.
Le cheval a par contre une vision peu étendue dans un plan vertical, il voit mal au dessus de sa tête, son champ de vision est donc d’autant plus restreint que la tête est basse. Il ne voit pas non plus juste sous son nez. C’est pour cela qu’il a parfois du mal à saisir les friandises que vous lui tendez, il les cherche à l’aveugle à l’aide de ses vibrisses.
Champ de vision du cheval dans le plan horizontal et dans le plan vertical(source : FFE)
La ligne dessinée ici au niveau de l’œil du cheval détermine son champ de vision vertical très limité.
2. Qualité visuelle du cheval
Ce champ de vision très large lui permet de scanner une grande zone à chaque instant, et de détecter le moindre mouvement. En revanche, sa vision monoculaire est assez peu précise et ne peut distinguer le relief. Cela correspond aux zones vues par un seul œil, donc sur les côtés correspondant à la majeure partie du champ de vision. La zone de vision binoculaire est restreinte, surtout si le cheval baisse la tête, mais c’est la seule zone où le cheval voit précisément et en relief, ce qui lui permet d’appréhender les distances par exemple.
Le cheval est donc facilement surpris par des éléments situés sur les côtés qui ne seront pas perçus par le cavalier. En effet, il repère des éléments en mouvement très loin sans pouvoir estimer leur distance, ce qui peut engendrer des réactions disproportionnées.
3. Couleurs vues par le cheval
Le traitement de la lumière par l’œil, et donc la perception des couleurs ou la vision dans le noir, passe par des cellules de la rétine appelées cônes et bâtonnets.
Les cônes permettent la vision des couleurs. Pour la perception humaine il y a 3 types de cônes, permettant de détecter les rouges, bleus et verts. Le cheval n’a pas de cônes « rouge », ce qui lui donne une perception des couleurs atténuée. Cette vision appelée dichromatique donne des images un peu sépias. Les verts et rouges sont peu distincts.
Voici le panel des couleurs perçu par l’homme par rapport à celui du cheval :
Comparaison de la vision de l’homme (en haut) et du cheval (en dessous) d’un même paysage. On voit bien les différences de champ visuel, de netteté et de couleur(source : Haras de la Cense)
La couleur permet de distinguer des éléments par rapport à leur arrière plan. A la différence de son cavalier, c’est difficile pour le cheval de distinguer un objet immobile rouge ou jaune de l’arrière plan généralement vert. Il le remarquera par contre de très loin s’il se déplace, généralement avant l’humain, réagissant alors parfois brutalement.
Le cheval a par contre plus de cellules bâtonnets, qui permettent de voir dans le noir, que l’humain. De plus, la rétine présente une zone réfléchissante, bien visible lors d’un fond d’œil, qui permet d’augmenter l’intensité lumineuse.
Les chevaux voient donc plutôt mieux que l’homme dans le noir. Cependant, cela ne les empêche pas de craindre l’obscurité et d’avoir facilement peur dans la pénombre.
De plus, les chevaux accommodent très mal lors des changements brutaux de luminosité (sortie/entrée dans une écurie, dans la forêt, dans le van…).
Vidéo simulation de la vision équine par rapport à la vision humaine :
https://www.facebook.com/Haras.LaCense.Fanpage/videos/1135019499918691
4. Modifications de la vision lors de problèmes ophtalmologiques chez le cheval
On craint toujours les conséquences des pathologies oculaires chez le cheval, mais quel est réellement leur impact sur la vision ?
Voici quelques exemples pour mieux comprendre les difficultés de votre cheval :
Cicatrices d’ulcère cornéen : présence d’une tache opaque dans le champ de vision, comme une tache sur des lunettes.
Synéchies (séquelles d’uvéite) : vision très restreinte lorsque la luminosité baisse car la pupille ne peut pas se dilater.
Cataracte : zone très floue s’étendant sur une grande partie du champ de vision, s’opacifiant et s’étendant au fur et à mesure de l’évolution.
Chevaux borgnes : champ de vision perturbé mais surtout disparition de la perception du relief. Plus de difficulté à estimer les distances.
En dehors des modifications ou de la perte de la vision, les pathologies oculaires engendrent souvent une douleur intense.
Pauline Cantet, vétérinaire équin.